La vie de Phoenix : anthropologie de la bibliothèque

Starring Phoenix

Tout ému à l'idée d'apporter ma maigre voix sur le théâtre rosebonbonnacé de cet illustre blog (elle est stylée cette demi-phrase d'entrée, hein ?), je cherchais tout à l'heure ce que je pouvais bien avoir à dire et la cruelle réalité est venue me frapper : je passe l'essentiel de ma vie à la bibliothèque.

Je te rassure tout de suite, cher lecteur de Ben et Karbie, je n'y travaille pas (travailler c'est pour les besogneux sans talent, c'est bien connu), enfin, sauf si aller sur les réseaux sociaux ou regarder des séries en streaming est un travail (ouh HADOPI ouh)...J'ai d'ailleurs toujours pensé que si mon travail avait été de regarder des séries je me serais distrait en lisant les bouquins de mes profs actuels...Mais c'est une théorie et BREF. En tous les cas il faut bien que tu t'imagines que ma vie n'en reste pas moins remplie et fascinante (#autopersuasion).

Car la bibliothèque (qu'elle soit municipale ou de campus, ou autre) n'est pas juste un bâtiment avec des livres, c'est aussi un cadre original où s'épanouissent toutes sortes de créatures bizarres, où des aventures incroyables se déroulent, bref un biotope digne d'un documentaire de BBC Wildlife. Et bien que j'aie plutôt tendance à vouloir éviter ces créatures et juste m'installer dans une contrée silencieuse et reculée ET dotée de prise et de wifi, les hasards de la vie et surtout la répartition totalement aberrante des prises font que je côtoie cette faune plus souvent qu'à mon tour. Quelques exemples à la volée :

  • les solitaires du troisième âge :

Ils se rencontrent fréquemment dans les bibliothèques municipales, où ils se distinguent par leurs pratiques pittoresques. Il y a le papy qui vient faire désordre dans une rangée studieuse d'étudiants en médecine ou de lycéens concentrés dans leurs obscurs calculs de S en s'installant avec un énorme exemplaire imagé de « 250 recettes de cuisine », qu'il recopie en marmottant. Il y a aussi la vieille [harpie] dame qui a un procès qui traîne et qui ne comprend rien à ce que lui dit son avocat (ce qui est normal, les avocats n'auraient plus de travail si on comprenait ce qu'ils disent), et qui s'assied avec sous le bras le Code civil, la lettre d'explications non explicatives et une énorme loupe de Sherlock Holmes (véridique) pour lire les articles. En voilà une qui n'était pas au courant que le Code civil est disponible intégralement en ligne depuis 2002. Il y a enfin tous ceux qui vont à la bibliothèque pour lire le journal en paix loin de doux foyer plein de petits-enfants ou d'un conjoint acariâtre.

  • les gens qui se croient dans la rue :

très (trop) nombreux. Ça va de la fille caillera qui glousse avec ses copines et qui est totalement non-réceptive aux signaux envoyés par les gens civilisés (du style haussements de sourcils) - ce qui force ces malheureux (qui ne disposent pas d'un espace indéfini de haussage de sourcil) à intervenir et à s'attirer en retour un impitoyable « wèch saa va kessta on fé pas de bruit » - aux quadragénaires dont-on-ne-sait-pas-très-bien-ce-qu'ils-font-là qui parlent à haute voix des problèmes au boulot de Maurice, en passant par les étudiants habitués qui s'installent à la bibliothèque comme au café en se fichant royalement du monde alentour. Ces derniers arrivent en général avec un prétexte (un exposé à faire). Ils empilent 15 pavés sur la table, qu'ils n'ont même pas le temps d'ouvrir car 5 minutes après avoir démarré ils sont déjà passés de la société de l'Athènes antique au mariage de la mère de Vanessa (et OHHH regarde Kevin est en couple sur Facebook et OOHHH il fsait tellement chaud ct'été j'avais envie de me mettre à poil tsais ? Hahaha « lol » ).

  • les gens qui se croient en boîte de nuit :

Causes de moult complexes pour ceux qui comme moi arrivent à la bibliothèque habillé d'un vague pyjama-de-jour (« bah c'est pas grave je vais à la bibliothèque ») et qui te donnent l'impression que la bibliothèque c'est pas un lieu pour érudits mal fagotés mais au contraire the place-to-be, enfin un truc trop cool, un hot spot de la drague contemporaine. Se croisent en nombre à la BSG, qui comme chacun sait est la bibliothèque hype de Paris (tu vas à Beaubourg ? Eh bien tant pis pour toi). Habillés comme des dieux de la sexytude branchée, frais comme des gardons, nivéa-visagés, ils déambulent avec classe entre les rangées de livres en te faisant regretter de ne pas t'être regardé dans la glace avant de quitter ton chez-toi.

Et cette catégorie, à coup sûr la plus intéressante, m'amène à mon sujet du jour. En effet, cher lecteur/lectrice, la grande question de la journée c'est : serais-je en train de me faire draguer par un spécimen de cette race ? Il y a une heure, un mec en slim et T-shirt jaune-imprimé-rétro est venu plusieurs fois chercher des bouquins juste derrière moi...sans en trouver aucun (et pour cause car derrière moi sont des vieux dictionnaires archéologiques dont je cite au hasard un titre : « Formes de contacts et processus de transformations des sociétés anciennes »). Serait-il possible qu'il veuille frayer avec une loque vestimentaire ? Nous reverrons-nous entre deux travées ? Affaire à suivre...

5 commentaires:

  1. Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

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  2. Bienvenue dans l'équipe, Phoenix !

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  3. Ben : invite encore d'autres gens ! C'est si drôle !! ;)

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  4. C'est pas moi qui l'ai invité, il s'est incrusté tout seul ^^

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